février 16, 2024

Les joies des vieilles optiques

À force d’essayer différentes optiques du siècle dernier, je souhaitais réaliser un article pour vous expliquer pourquoi il est temps de sortir vos vieux objectifs de vos placards, d’en chiner sur les brocantes à moindre coût ou sur les sites de vente d’occasion en ligne. Toutes les photos de cet article ont juste eu un petit apport de contraste et aucun autre traitement. Le boitier qui a servi est mon fidèle Fujifilm X-Pro2.

Les appareils photos actuels permettent l’utilisation de vieilles optiques grâce à des bagues d’adaptations de toute marque. Cette bague fait le lien entre votre boitier et l’objectif de papi retrouvé au fond du placard mais avant d’attaquer la prise de vue, encore faut-il en vérifier l’état. Tout d’abord faites le tour de l’état esthétique de ce dernier, ça permet de vous faire une première idée et vous dire que vous pourrez peut-être le monter sur votre appareil. Si l’optique était rangée dans une boite dans un endroit sec, il est fort probable qu’elle soit juste poussiéreuse et dans ce cas, un bon nettoyage peut suffire. Par contre, si votre Saint-Graal est retrouvé au fond du grenier non chauffé et humide des parents ou grands-parents, il faudra faire bien plus attention.

La première chose à vérifier est l’état des lentilles. Si ces dernières sont propres, il se peut qu’il y ait tout de même quelques petites poussières à l’intérieur du groupe optique. Ces poussières sont souvent imperceptibles sur les photos sinon il faudra hélas faire avec et jouer du tampon sur votre logiciel. Par contre si il s’agit d’une optique d’exception ou sentimentale, il faudra passer par un réparateur et certains techniciens peuvent réviser votre matériel.

Ci-dessus, la taille de l’Olympus 135mmƒ/2.8 reste petite comparée au Fujifilm XF 56mm ƒ1.2.

Si vous voyez des tâches sur la lentille frontale, votre optique est parasitée par les champignons et sera hélas à conserver en presse papier ou pour votre déco intérieure. Si vous vous sentez la démonter pour la nettoyer intégralement, c’est faisable (voir les tutos sur Youtube) mais attention, l’affaire est loin d’être simple et facile. Il faut également vérifier le fonctionnement du diaphragme pour voir si il fonctionne à toutes les ouvertures. Pareil pour les bagues, si elles ne sont pas fluides ou légèrement dures, vous risquez de galérer pour les utiliser. Graisser le mécanisme oblige à démonter l’objectif et je rappelle que ça n’est pas donné à tout le monde.

Les vérifications sont faites, il n’y a plus qu’à monter votre objectif sur votre boitier numérique préféré. Petit conseil, vérifiez qu’il n’y ait pas de l’huile ou graisse sur les lamelles du diaphragme lorsque vous tournez les bagues ou qui pourrait sortir du groupe optique arrière car il serait dommage de se retrouver avec du liquide ou micro tache de graisse sur son capteur. Les anciennes optiques peuvent avoir ce genre de soucis même si ça reste assez rare, d’où l’intérêt d’une inspection minutieuse lorsque vous dénichez votre perle rare. Pour info, je n’ai jamais rencontré ce problème mais ça peut arriver.

Ci-dessous quelques photos réalisées avec le Fujica 55mm ƒ/1.8 à diverses ouvertures allant de ƒ/1.8 à ƒ/5.6.

Passons maintenant à la partie plus que sympathique, la recherche du Saint-Graal, l’objectif tant désiré que vous cherchez depuis des années. Celui qui parfois, en fouillant, discutant voire même suite à une simple opportunité, vous permet enfin d’avoir votre précieux à un tarif raisonnable. Au niveau du budget, nous vivons une époque où l’argentique a un très gros regain d’activité auprès de nombreux utilisateurs et surtout des jeunes (merci TikTok) qui découvrent les joies de la vraie photographie et les tarifs peuvent s’envoler sans raisons valables. Même si on trouve d’excellentes focales fixes à moins de 50€, réfléchissez à votre budget en sachant que sans pouvoir l’utiliser, il y aura toujours un risque de vous retrouver avec une optique défectueuse. L’idéal est de faire le tour des brocantes ou vide-grenier avec votre appareil et votre bague d’adaptation puis si ce dernier est propre à un tarif acceptable, demandez à pouvoir essayer l’objectif sur place. Ça vous permettra de vous faire un avis concret avant de repartir avec ou pas.

Changement d’optique avec cette fois le Canon FL 19mm ƒ/3.5 R à diverses ouvertures allant de ƒ/3.5 à ƒ/11.

J’ai quelques objectifs anciens que j’utilise sur certains reportages, ils ne m’ont quasiment rien coûté. C’est tout l’avantage de ce genre d’objectif, le prix ! Mais on ne va pas s’arrêter qu’à la question budgétaire, la plupart de ces objectifs offrent également d’excellents résultats et il serait vraiment dommage de ne pas en profiter. En plus ils sont tous fabriqués en métal, le plastique n’avait pas vraiment sa place à l’époque ! J’aime particulièrement les 135mm ƒ/2.8 bien fabriqués et d’une petite taille. Ils ne prennent pas de place et sont vraiment pratiques. Ah oui, toutes ces optiques sont manuelles donc il vous faudra utiliser le mode “déclenchement sans optique” et mettre la fonction AF en manuel pour profiter du Focus Peaking. Cela vous permet d’obtenir votre netteté via une sorte de zebra coloré. Il vous faudra bien entendu vous habituer à utiliser votre objectif en manuel mais vous verrez, on y prend vite goût et puis ça permet également de se concentrer sur l’essentiel.

Olympus 135mm vs Minilta 135mm. Les deux à ƒ/8.

L’avantage d’utiliser ces optiques est que vous ne devriez pas vous ruiner. Pour exemple, les deux 135mm ƒ/2.8 que j’utilise me sont revenus à moins de 30€ pièce. J’ai également eu la chance d’avoir des amis et connaissances m’ayant offert certaines optiques qui me servent régulièrement. Pour l’instant mon parc ancien va du 19mm ƒ/3.5 au 135mm ƒ/2.8 en passant par le minuscule 28mm ƒ2.8 pancake et 55mm ƒ/2.8 qui au final ne m’a presque rien coûté. Comme vous pouvez le constater, il s’agit uniquement d’objectif fixe, il existe des zooms intéressants mais comme je n’utilise pas de zoom au quotidien, ces derniers ne me parlent pas.

Les 135mm Minolta vs Olympus à ƒ/2.8

Autre point, la revente. L’avantage de ces objectifs à bas prix est que si vous n’êtes pas satisfait du résultat ou si il ne correspond pas à vos besoins, vous pourrez toujours faire des heureux. J’ai revendu tout un lot Voïgtlander (Boitier + objectifs) qui finalement n’était plus assez utilisé pour me permettre de le conserver. Ce lot est parti chez un nouvel utilisateur ravi d’avoir pu l’obtenir complet à un très bon prix.

Il peut y avoir une certaine hésitation à investir dans un objectif manuel vieux de 40 ans valant entre 30 et 60€ et investir dans des optiques chinoises neuves et totalement actuelles coûtant à peine deux fois plus. Vous aurez dans les deux cas du 100% manuel mais avec un traitement optique différent. À vous de voir si vous souhaitez redécouvrir le rendu des vieilles optiques ou si vous préférez juste le modernisme à bas prix. Je n’ai rien contre des marques comme 7Artisans ou TTArtisan proposant des optiques manuelles dans une gamme d’objectif au tarif extrêmement serré. J’utilise d’ailleurs un fish-eye de chez 7Artisans (voir mon précédent article à son sujet) qui me rend bien service car je n’arrivais pas à dénicher un vieil ultra grand-angle.

Ci-dessous, deux photos prises avec le petit Industar 28mm ƒ/2.8 Pancake. À pleine ouverture (photo de gauche) on se rend compte du flou en spirale.

Autre point intéressant, l’utilisation en vidéo. Ces objectifs sont excellents dans ce domaine et je vois beaucoup de vidéastes et cadreurs utiliser de vieilles gammes des années 70/80 sur leurs boitiers modernes. Les résultats sont très propres.

Vous l’aurez compris, l’utilisation première de ces vieilles optiques est le plaisir ! Redécouvrir des modèles mythiques, leurs traitements optiques parfois surprenants et les utiliser sur du matériel récent est devenu une réalité depuis quelques années. Amusez-vous, profitez de vos trouvailles et faites de la photos autrement. Par simple curiosité, quelle vieille optique utilisez-vous ?

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