juin 14, 2023

Maine Uke Festiv’Halles #5

Il aura fallu attendre longtemps avant de pouvoir retourner au Maine Uke Festiv’Halles de Saint-Denis-d’Anjou organisé par le V.O.U.S. (Véritable Orchestre de Ukulélé de Saint-denis d’anjou) ! La dernière avait eu lieu en 2019 mais c’était sans compter sur ce fichu Covid. Enfin il fallait qu’on retourne Maxime et moi sur ce chouette festival ukulélé que l’on suit depuis la première édition en 2013 (10 ans déjà !). Samedi 27 mai, le rendez-vous est donné directement sur place ou du moins sur notre fidèle emplacement du stade pour y planter la tente. Allez savoir pourquoi, cet emplacement n’est jamais pris par d’autres festivaliers, ça doit être notre zone VIP et ça nous fait bien rire. Voici un petit article sur ce week-end chaud et ensoleillé qui nous a mis plein de rythmes en tête.

Une fois la tente montée et Maxime arrivé, il est temps de filer à la mairie pour la première Masterclass de la journée en compagnie de Cyril Keller qui est venu nous expliquer sa méthode pour comprendre un morceau, savoir le jouer dans le bon rythme et tant qu’à faire le chanter. On retrouve Julie, notre grande amie qu’on avait pas vu depuis longtemps et nous passerons tous un très bon moment comme à chaque fois.

Pas le temps de trainer, il faut filer à la seconde Masterclass proposé par Alex alias Prince de Pacotille aka Sancho des Ukulele Boboys venu sans son acolyte moustachu à sombrero. Hélas, Alex aura un beau retard qui fait que nous décidons d’aller nous restaurer car nos ventres crient trop famine et nous ne lutterons pas plus longtemps, tant pis et nous verrons Alex plus tard…

Flute ! La parade est également partie de son côté donc nous profitons de notre repas en musique en compagnie de Cyril et son bassiste venus jouer un set à la cool à base de compositions et un final en reprenant un morceau accompagné par Adrien Janiak.

Le set se termine, on boit un verre (il fait très chaud) et nous filons retrouver nos grands amis Christophe et Nicole de Fen & Cole toujours à fabriquer leurs innombrables Cajons et shakers ainsi que les luthiers Matthieu de Caravelle Kitchen venu avec quasiment toute sa gamme de superbes ukulélés mais aussi de kalimba et ukulélé harpe très suprenant, Sébastien de Vendean’ Ukulele qui fabrique de sublimes ukulélés polynésiens et le sculpteur Gaëtan Pichaud aux créations toujours aussi belles.

Interview de Caravelle Kitchen


Peux-tu te présenter ?

Hey, moi c’est Matthieu, le touche-à-tout aux mille et une passions ! À 36 ans, je n’ai qu’une hâte et c’est continuer à explorer le monde qui m’entoure : du surf à la cuisine créative, en passant par les voyages et le bricolage farfelu. J’ai été longtemps étudiant, jusqu’à devenir avocat, mais ça ne m’a clairement pas plu. Maintenant, je suis prof et fabrique des ukulélés dans ma cabane océanique. Et pendant mes moments libres, je me lance dans des activités toutes plus acrobatiques les unes que les autres. J’aime penser que ma vie est un joyeux chaos et une véritable oasis de bizarreries.

Peux-tu décrire tes gammes ?

Une majeure pentatonique

Tu fabriques différents types d’instruments peu communs en plus des ukulélés, un besoin de te démarquer ou plus par amour des sonorités de musiques du monde ?

En tant qu’amateur d’ethnomusicologie, je suis passionné par les instruments provenant de diverses régions du globe. Que ce soit les instruments d’Afrique de l’Ouest tels que la kora et le ngoni, ceux d’Afrique de l’Est comme le mbira et la kalimba, ou encore les instruments d’Amérique du Sud comme le charango, le cuatro et le ronroco, sans oublier les instruments orientaux tels que le oud et le saaz… J’essaie tant bien que mal de les associer dans des projets qui intègrent également les ukulélés. Cette approche me permet de créer des instruments uniques qui offrent à la fois accessibilité et facilité de jeu (c’est le contrat d’un instrument qui se finit en lélé).

Des projets à venir ?

Il n’y a que ça ! Notamment autour des harpes et des kalimbas. Peut être un jour un ukulélé trompette ou un ukulélé batterie.

Interview de Christophe

de Fen & Cole


Peux-tu te présenter ?

Je suis arrivé à 37 ans en 2009 dans le Pas de Calais sur la côte d’Opale, j’ai quitté mon emploi en Franche Comté où je suis né, pour vivre avec Nicole, ma conjointe actuelle. Je joue à la guitare et j’ai fait partie d’un groupe qui jouait à échelle humaine en spectacle de rue dans une association éco-citoyenne “Pepilune Cuatro”. J’ai également préparé et animé au sein de cette association des stages de fabrication d’instruments de musique, guitares et percussions pendant 3 ans en tant que bénévole. Des formations proposées aux centres sociaux, aux écoles, aux maisons médicalisées…

Qu’est-ce qui t’as poussé à fabriquer des cajons et autres shakers ?

J’ai sauté le pas et j’ai pris le statut d’auto-entrepreneur afin de vivre des ventes de mes créations de percussions nomades. (Pas assez de talent pour vivre de ma musique)

Vous avez Nicole et toi, une gamme impressionnante et à chaque fois que je vous croise, il y a des nouveautés. D’où viennent toutes ces idées ?

Mon expérience au sein du milieu médical avec les stages de fabrication, m’a orienté vers la création de cajons portatifs. Ces mini cajons s’adaptent plus facilement sur le corps des personnes à mobilité réduite. Paradoxalement, ces petits cajons sont idéaux pour jouer et danser ou déambuler en même temps. Mon côté éco-responsable m’a également fait créer des shakers pour utiliser toutes mes chutes que je n’arrivais pas à me contraindre de brûler, je détestais l’idée que le bois en soit réduit à donner du gaz carbonique en cramant alors que toute sa vie l’arbre dont il provient avait su nous donner de l’oxygène.

Toutes mes créations existent car j’écoute et j’observe les gens, j’écoute également Nicole qui capte forcément des choses différentes. Nos échanges à ce sujet sont journaliers. Je me suis rendu compte que les relations et les échanges avec toutes les personnes rencontrées sur la route des festivals étaient essentiels pour moi avancer dans l’invention de mes modèles. Pendant les deux ans de la crise sanitaire j’étais sur pause, une seule nouveauté est sortie de mon atelier.

Est-ce que vous rencontrez le plus souvent vos clients sur les festivals ou plus sur votre site ?

Le cajon est un instrument qui s’essaye, soit pour vérifier les sons, soit pour savoir si on saura y jouer. Les clients qui passent sur le site ont pour la plupart été rencontrés sur les événements extérieurs ou été en contact avec ceux qui nous connaissent en vrai. Le site reste surtout un support pour donner confiance et prouver notre réelle existence. 

Les Cajons Fen&Cole restent une petite marque. Elle est bien placée sur Google grâce au mot “artisanal” inscrit derrière le mot “cajon”. Seulement si dans la barre de recherche vous ne tapez simplement que “cajon”, ne s’afficheront que les grandes marques.

Des projets fous à venir ?

Plus de projets que de temps pour tous les réaliser et la production est chronophage. J’ai une longue longue liste d’idées à concevoir. L’hiver quand la saison des festivals est terminée, j’essaye de percer une brèche dans mon emploi du temps pour me consacrer à un nouvel instrument. Il y a des tonnes de domaines à gérer autour d’une nouveauté, le dernier shaker Paki Paki aussi simple qu’il puisse paraître a mis deux ans avant d’être complètement abouti et utilisable.

On m’a proposé de créer un festival cajon sur Beauvais, ça c’était un projet fou ! C’était pour faire connaître le cajon à la population. Seulement je préfère me consacrer à la réalisation de mes inventions. Je laisse l’organisation de ce genre d’événement à ceux dont c’est le métier.

La journée passe entre les concerts de Fetia Pao No Tahiti et de Cyril Keller, on échange avec les copains au point que j’en oublie de faire quelques photos des groupes passant sur la scène ouverte, tout le monde se fait plaisir et profite de cette météo de rêve. Ceux qui étaient présents à la première éditions se souviennent encore de la météo apocalyptique que nous avions eu alors je peux vous assurer qu’on est heureux d’avoir ce beau soleil.

Après quelques belles rencontres, il est temps d’aller se mettre à table pour un repas tahitien avant de retrouver Alex, Prince de Pacotille qui sera suivi par Adrien Janiak et la Caravanerie. Deux très bons concerts qui méritaient franchement le déplacement (ne t’inquiètes pas Cyril, le tiens était tout aussi bon !!). Étant seul avec sa panoplie de pédales, son looper (Nicole pour les intimes) et autres stompbox, Alex assure comme il se doit. J’aime beaucoup ses morceaux et tout particulièrement sa reprise de Radiohead qui était superbe. Adrien et ses musiciens nous ont offert un concert très généreux, le jeux d’Adrien est complètement digue et ce n’est pas un des meilleurs joueurs de ukulélé au monde pour rien. Sa vitesse et sa fluidité sont telles qu’il me faudrait plus d’une vie pour arriver à un tel résultat. Enfin, c’était vraiment très bon, il est temps d’aller sous la tente avant la masterclass du matin…

Interview de Vendean’ Ukulele


Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Sébastien Bulteau, j’ai 46 ans je suis né au Sables-d’Olonne. Ancien militaire, formateur en conduite d’engins TP et manutention, luthier autodidacte. 

Qu’est-ce qui t’as poussé à fabriquer des ukulélés polynésiens ?

J’ai beaucoup voyagé et côtoyé la communauté polynésienne je suis allé à Tahiti pour travailler j’ai eu envie de fabriquer un ukulélé tahitien qui soit très bien fini, très précis avec une belle sonorité.

Qui sont tes clients et est-ce que tu les rencontres le plus souvent sur les festivals ?

Mes clients sont bien sûr les Polynésiens mais aussi les métropolitains amoureux de la culture polynésienne et autres personnes découvrant ce bel instrument. ainsi que musiciens de tout âge. Je les rencontre sur les festivals et je suis aussi contacté par mail et téléphone.

J’ai vu sur ton stand que tu en fabriquais avec des formes moins traditionnelles, en plus d’êtres jolis, c’est un besoin de te démarquer ?

La forme des ukulélés tahitiens peut être créée sous plusieurs formes. Il n’y a pas de forme traditionnelles si ce n’est qu’une éventuelle ressemblance avec certaines guitares flying v pour les plus répandus. Je me suis spécialisé dans le personnalisation de cet instrument pour le rendre très attrayant, et surtout pour le fabriquer de façon qualitative afin de développer sa présence en Europe.

As-tu des projets à venir ?

J’ai quelques projets à venir mais je ne peux rien dévoiler pour l’instant puisqu’il s’agit de réflexion de préparation avant d’être sûr de pouvoir les réaliser.

Dimanche matin, nous retrouvons justement Adrien pour sa Masterclass. On peut dire que le gars est aussi généreux que sur scène avec l’apprentissage de 4 rythmes et les explications (excellentes par la même occasion) qui vont avec. Bref il nous laisse de quoi nous occuper et d’évoluer pendant un certain temps. Nous n’aurons jamais sa rapidité de jeu mais à nous d’évoluer à notre rythme et de continuer à nous faire plaisir !

Je finirais par laisser Max aller à la Masterclass sur les rythmes tahitien afin d’aller faire quelques photos sur le stand de Caravelle Kitchen aux côtés d’Adrien et Matthieu en pleine discussion pour un futur projet. Un petit repas léger en début d’après-midi, le temps passe trop vite et il est déjà temps de reprendre la route. Nous ferons une exception cette année en n’attendant pas le tirage des lots de la tombola offerts par l’organisation et les différents luthiers qui nous ferait rentrer trop tard. Un dernier tour, un au revoir en se disant qu’un week-end dans ces conditions est bien trop court pour qu’on puisse en profiter suffisamment et on se souhaite tous de nous revoir au plus tôt.

Une fois rentré, le téléphone sonne et on m’annonce que j’ai gagné le ukulélé polynésien offert par Vendean’Ukulele au tirage au sort de la tombola. Mais quelle belle fin de festival, je n’aurais pas pu rêver mieux surtout que je n’ai pas ce type d’instrument (Nicolas m’informera le lendemain qu’il me sera envoyé) au doux son venu des îles.

Cette 5ème édition organisée par Nicolas Kinot, le VOUS et la jolie petite commune de Saint-Denis d’Anjou fût encore une belle réussite alors bravo et merci à toute l’organisation, aux artistes, aux luthiers et aux festivaliers !

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COMMENTAIRES
ETENDRE

Merci Christophe Garnier, je viens de lire et regarder un bien beau reportage qui m’apprend à mieux connaître ce grand petit monde de la communauté Ukulele en France. J’en ai également plus appris sur les amis luthiers que j’en apprend sur le terrain un peu mouvementé des expositions. Je pense que ça ne peut être que bénéfique à nous tous qui travaillons dans le monde de la musique. J’ai découvert également beaucoup de choses que je ne percevais pas chez les musiciens au Ukulele. Et pour une fois, le reporter n’a pas écrit “Cajun”, mais bien “Cajon” Hihihihi

Avec plaisir, ravi de lire que vous découvrez un peu plus le monde du uke et j’en ai appris beaucoup sur vous également. C’est très enrichissant et vraiment chouette d’accepter cette petite interview !

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