janvier 14, 2015

Sigma dp2 Quattro Vs Fuji X-T1

L’ovni face à l’hybride du moment

Avant de commencer, je tiens à vous dire qu’il ne s’agit pas réellement d’un vrai duel mais d’une comparaison de l’ovni Sigma dp2 Quattro face au Fuji X-T1 que j’utilise et qui me sert de référence en plus d’être l’appareil hybride du moment.

Le début d’année et apporte son lot de message pour fêter les vœux et parfois après quelques retours de mails, ça fini avec un petit face à face imprévu mais finalement intéressant. Je ne vous cache pas que j’ai toujours aimé les dp de chez Sigma pour leur très grande qualité d’image et comme la marque me prête un des modèles de la gamme Quattro, je voulais le mettre face au Fuji X-T1 qui délivre lui aussi des fichiers de très bonne qualité. N’ayant pas de 35mm Fuji, cette comparaison se fera avec le XF 23mm ƒ/1.4 R équivalent à un 35mm en 24×36. Le Sigma dp2 Quattro est équipé d’un objectif fixe 30mm ƒ/2.8 équivalent à un 45mm. Je voulais juste voir si ces deux boîtiers pouvaient être complémentaires…

Suite au test de l’ancien Sigma dp2 Merrill en complément du Canon 5D MkII que j’avais réalisé l’an dernier, je voulais à nouveau voir les changements apportés par Sigma sur cette nouvelle gamme Quattro en complément du Fuji X-T1 en réalisant une séance sur le terrain avec Andréa.

La prise en main :

Le Fuji X-T1 que j’utilise depuis peu, est un appareil photo très compact une prise en main parfaite pour moi malgré une poignée pas trop prononcée même sans utiliser le grip optionnel. Toutes les fonctions tombent sous la main et je trouve de plus en plus facilement les boutons et autres molettes de réglages. Seul le D-Pad fait de la résistance. Il faut dire que j’adorais le joystick du Canon 5D MkII, précis et bien placé. Peut-être que Fuji sortira un D-Pad plus prononcé sur son prochain X-T2.

L’EVF est magique, on peut facilement changer de fonction en conservant l’oeil dans le viseur. En parlant viseur, j’ai juste changé l’oeilleton d’origine pour le modèle large qui occulte nettement plus l’EVF et évite la lumière parasite de rentrer. Je ne comprends pas pourquoi Fuji ne l’ait pas installé d’origine plutôt que de le proposer en option. Enfin ça fait tourner le petit commerce.

J’avoue avoir été plus que surpris en sortant le Sigma dp2 Quattro de sa boite car cet appareil ne ressemble à aucun autre. La forme toute en longueur avec sa finesse de boîtier, son optique imposante qui fait la même taille qu’un objectif pour hybride de la marque et sa poignée excentrée sur la droite et creusée, on sent que Sigma voulait sortir des formes habituelles de ce que l’on a l’habitude de voir. Esthétiquement, ce n’est pas laid mais après on aime ou on n’aime pas. Le touché satiné est très agréable et la prise en main est finalement bonne même si j’aurai aimé que le minuscule grip en caoutchouc monte jusqu’en haut de la poignée pour éviter la crainte que l’appareil me glisse entre les doigts. A ne pas utiliser sous la pluie ou avec les mains mouillées mais comme le dp2 n’est pas tropicalisé, on évitera ! La grosse poignée dans la main droite et l’objectif dans la gauche, on se sent quand même comme à la maison. Les boutons et molettes crantées tombent assez facilement sous l’index et le pouce.

A la différence du Fuji, il n’y a strictement rien de noté sur les molettes avant servant à changer la vitesse/diaph et arrière servant à la correction d’exposition. Je regrette à nouveau qu’il n’y ait pas de viseur de type EVF même si il existe le viseur optique VF-41 en option mais dépourvu d’informations et le fameux LVF-01 qui n’est ni plus ni moins qu’un viewfinder typé vidéo qu’on visse sous le boîtier. J’avoue que l’encombrement en prend tout de suite un sacré coup avec ce LVF-01 ! Ça doit être tout de suite plus pratique mais je garde un mauvais souvenir de l’autonomie plus que maigrichonne du dp2 Merrill avec une simple utilisation écran donc je verrai bien ce que ça donne avec celui-ci.

Je crois qu’il s’agit du premier appareil photo que je prends en main avec un logement de carte SD situé à gauche et non à droite. Décidément Sigma casse les habitudes et j’avoue que cela ne me dérange absolument pas.

Verdict : Fuji 1 – Sigma 0
La prise en main du Sigma n’est pas rassurante malgré la grosse poignée faute de grip. Je préfère celle du Fuji et surtout le fait qu’il soit plus compact et qu’il ait un viseur.

Les capteurs :

Un peu de théorie pour expliquer en quelques lignes les différences entre les deux capteurs de ces boîtiers. Fuji équipe son X-T1 d’un capteur X-Trans II de type CMOS de 16,3 Mpx qui est vraiment excellent mais ne fait pas disparaître tous les artefacts colorés alors que sur dp2 Quattro de Sigma, son capteur maison Foveon X3 de 39 Mpx (plus du double que le Fuji !) lui sépare les couleurs Rouge, Vert et Bleu sans utiliser de filtres colorés. Résultat, chaque photosite du capteur Foveon X3 distingue les trois couleurs tout en supprimant le moirage et les aberrations chromatiques. J’adore mes fichiers faits au Fuji mais quand je vois les résultats obtenus avec le Foveon X3, c’est de l’extase total tellement c’est beau et détaillé. Sigma doit détenir le meilleur capteur jamais sorti jusqu’à maintenant !

Verdict : Fuji 1 – Sigma 1
Le Sigma offre un capteur de très haut vol délivrant des fichiers très détaillés avec une belle dynamique. On peut se permettre des tirages grand format sans trop se poser de question. Je trouve aussi qu’il serait le parfait partenaire pour du packshot en studio. A ce niveau, le Fuji pêche un peu avec ses petits 16,3 Mpx délivrant tout de même de très bons résultats, avec lui aussi, une belle dynamique mais je n’irai pas m’aventurer dans du très grand format.

Les écrans :

Je pensais être pénalisé avec les reflets sur l’écran du Sigma sachant qu’il n’y a pas de viseur ni d’EVF mais finalement pas du tout. L’écran OLED est vraiment de très bonne facture et permet de photographier en pleine journée sans difficulté. Le problème c’est que ça tire sur l’autonomie de l’appareil et rien que pour ça, je préfère le système Fuji. Les formats possibles sur les deux boîtiers sont les classiques 1:1, 4:3, 3:2 et 16:9, sauf que Sigma ajoute une option avec l’étonnant format 21:9. En tout cas, les écrans sont très bons sur les deux appareils, avec un plus pour le Sigma.

Verdict : Fuji 1 – Sigma 2
Les marques ont fait de très gros efforts au niveau des écrans et même si je préfère shooter l’oeil dans le viseur du Fuji X-T1, je reconnais que l’écran du Sigma est un cran au-dessus de celui du Fuji.

L’autonomie :

On va attaquer le point noir des deux systèmes. Je trouvais l’autonomie de la batterie du Fuji trop faible  mais avec le Sigma c’est quand même plus que limite ! C’est simple, le dp2 Quattro est livré d’office avec deux batteries. Hier sur ma séance test, je voyais l’autonomie fondre à vitesse grand V. Au moins Sigma assume et reconnait que ces petites batteries sont trop faibles. Ceci-dit, j’aurai bien apprécié que Fuji livre aussi d’office deux batteries.

Verdict : Fuji 2 – Sigma 2
J’aurai bien mis un zéro pointé aux deux fabricants mais quand je vois l’autonomie du Sigma, on a l’impression que l’autonomie du Fuji dure l’éternité. Une aussi faible autonomie en reportage est trop pénalisant. Pour la petite séance portrait test, les deux batteries du Sigma ont fondu à vu d’oeil et je dirai qu’il faut deux Sigma pour une Fuji si on fait attention d’éteindre le dp2. Il y a encore un énorme effort à faire à ce niveau.

Sur le terrain :

Bon là, il n’y a pas photo, le Fuji X-T1 est un appareil très polyvalent qu’on peut utiliser sur tous les types de reportage, il est tropicalisé et passe partout. L’AF est rapide pour un hybride et s’en sort plus que bien dans la plupart des cas. En plus avec la dernière mise à jour, le boîtier est plus performant tout en offrant de nouvelles possibilités et ça c’est vraiment plaisant.

Le Sigma dp2 Quattro est un appareil prévu pour une utilisation pépère. Avec lui, on prend son temps déjà parce qu’il ne nous laisse pas vraiment le choix avec un enregistrement de fichier d’environ une moyenne de 5 secondes sur la carte SD pour un Raw+jpg ! C’est long, beaucoup trop long… Je trouve qu’il ferait un excellent partenaire pour du packshot, au chaud dans un studio. Bref il ne faut vraiment pas le brusquer, cet appareil photo est limite sédentaire. Bien vu le niveau électronique sur les deux appareils mais pourquoi Sigma n’a pas ajouté l’affichage d’une grille en option sur l’écran pour faciliter le cadrage comme le propose Fuji ?

Une chose m’a tout de même surprise sur le dp2 Quattro, l’AF est plus performant et rapide que sur le dp2 Merrill et c’est une très bonne nouvelle. Je me rappelle de la lenteur de déplacement du groupe optique de l’ancien modèle qui me laissait sans voix alors que là, c’est de l’histoire ancienne. Bien sûr, il reste tout de même plus lent que sur le X-T1. Ces deux appareils sont de toute façon bien différents mais le Sigma reste très plaisant à utiliser.

Verdict : Fuji 3 – Sigma 2
Le Fuji X-T1 est polyvalent et vraiment fait pour le terrain comparé au Sigma trop lent (malgré l’amélioration de l’AF) que je considère comme un appareil de packshot ou pour une utilisation tranquille en portrait.

La qualité des images :

J’ai tenu compte de l’ouverture du 30mm Sigma pour ce test sur le terrain. J’ai donc évité de descendre sous ƒ/2.8 avec le 23mm Fuji pour les photos illustrant l’article. Le rendu des fichiers diffèrent entre les deux boîtiers. Le fichier Sigma tire sur le jaune/cyan alors que le Fuji tire sur le magenta. Je me répète, les fichiers du Sigma sont très détaillés, on peut agrandir au maximum, c’est net de chez net. Je ne suis pas un fan du pixel peeper mais il faut reconnaître que c’est très propre. Le Fuji s’en sort très bien également mais avec un peu moins de détail dans le fichier. D’un côté avec 16,3 Mp d’un côté et 39 Mp de l’autre, il y a intérêt à ce qu’il y ait une différence visible !

Il est étonnant de s’apercevoir que le bruit du Sigma se montre déjà à 200 iso, ce n’est pas violent mais il est là et je pense qu’il n’aime pas vraiment les basses lumières un peu comme l’était mon Canon 5D MkII. A l’opposé, le Fuji monte facilement en sensibilité avant que le bruit se présente. Malgré cette faiblesse, ce dp2 Quattro attire avec sa qualité de fichier.

D’ailleurs ce Sigma me fait une nouvelle fois penser à un Moyen Format qu’on utilise en studio. Il a tout d’un MF, la taille des fichiers (bon ok les MF montent plus haut), le temps d’enregistrement bien trop lent et une autonomie trop faible. Je regrette juste le fait que l’on soit obligé de passer par le logiciel maison pour ouvrir les RAW même si ça reste un détail.

Le Fuji sort également de très bons fichiers, le bruit ne se présente qu’à des sensibilités vraiment élevées. Les Raw sont propres et les jpeg excellents. En plus de ça, les différentes simulations de films sont vraiment géniales ! Le Fuji X-T1 reste bien plus souple sur tous les plans et finalement le capteur de 16,3 Mp reste une valeur sûre. On verra ce qu’apportera Fuji avec son nouveau capteur X-Trans III qui devrait arriver dans les futurs X-Pro2, X-T2, X-E3 et autres boîtiers prévus pour 2015/2016. A mon humble avis, ça devrait dépoter !

Verdict : Fuji 4 – Sigma 3
Le Sigma délivre une qualité d’image hallucinante au-dessus de celle du Fuji qui lui offre une souplesse bien plus importante ainsi que des jpeg terriblement efficaces. Le bruit monte trop vite sur le Sigma et même si pour certaines photos il reste acceptable, ça n’est rien comparé au Fuji qui m’étonne encore aujourd’hui à ce niveau-là même par rapport à mon ancien Canon 5D MkII. Les deux marques gagnent un point.

Conclusion :

Le Fuji l’emporte d’un petit point sur le Sigma et comme je le dis en début d’article, il ne s’agit pas d’un vrai duel car les boîtiers sont différents (il aurait presque fallu un Fuji X100t) mais juste une petite comparaison d’utilisation, de ressenti et de rendu des fichiers face à l’appareil que j’utilise tous les jours.

Le Sigma dp2 Quattro est un modèle d’appareil photo hors du commun qui reste un compact expert séduisant. Comme pour le dp2 Merrill, je lui trouve beaucoup de défauts mais encore une fois j’arrive à l’aimer et pas que pour les fichiers qu’il délivre. La forme surprend vraiment mais on l’oublie très rapidement mais ne laisse pas indifférent. La qualité de l’objectif est bonne. Dommage que le pare-soleil soit en option (en fait tout est en option avec la gamme dp). L’écran est magique même en plein soleil et l’AF est plus performant qu’un dp2 Merrill. Ce boîtier fera le bonheur des inconditionnels de la marque mais il le fera également pour le photographe de studio ainsi que pour tous ceux qui désirent des fichiers très détaillés désirant prendre leur temps et faire de grands tirages.

Avec le Fuji X-T1 c’est la polyvalence à l’état pur, il est fait pour le reportage. Il est compact, tout temps et a tout du reflex qu’il peut remplacer aisément. Il ne lui manque juste qu’un AF plus performant pour satisfaire les photographes sportifs ou animaliers même si avec un peu d’anticipation, ça reste totalement possible. Il remplace sans problème mon ancien Canon 5D MkII et ne me pose aucun souci ni limite sur mes différents types de reportage. Les fichiers Raw sont très propres, les jpegs également, la montée en ISO est excellente et le viseur EVF est quant à lui magique. Seule l’autonomie et le D-Pad méritent d’être revus par Fuji.

Alors ce Sigma dp2 Quattro, complémentaire au Fuji X-T1 ou pas ?

A vrai dire, il pourra l’être sans problème pour beaucoup mais il ne le sera pas pour moi. La raison est simple, je ne fais quasiment jamais de studio et j’ai besoin d’appareils vraiment polyvalents ayant du punch. Il reste tout de même le compagnon idéal pour le photographe qui veut prendre son temps. Peut-être que le dp1 Quattro et son grand-angle pourrait convenir pour des photos de paysage afin d’obtenir des fichiers extrêmement détaillés. Affaire à suivre si j’arrive à en obtenir un en prêt.

Toutes les photos sont présentées dans cet article sont mise en ligne sans traitements et ont toutes été réalisées en jpeg avec les mêmes réglages.

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Merci de cet article intéressant. J’ai un dp0. C’est une vraie folie de détails incroyables sur les images !

Bonjour et merci d’apprécier cet article.
Je n’ai pas eu la possibilité de tester le Dp0 mais je confirme votre argument, les fichiers sont incroyables. Sigma a créé un capteur magique qui en vaut largement la peine. En tout cas je suis ravi de lire que vous êtes heureux avec votre Dp !

Comme il n’y a aucune indication sur ou sous les photos, on ne sait pas auquel des deux appareils les rapporter. C’est très gênant et gâche complètement la qualité de l’article.

Bonjour Jacques,
Je regrette le fait que vous n’ayez pas pris le temps de vous arrêtez voire carrément ouvrir les photos lors de votre lecture car vous auriez pu vous rendre compte que les indications sont belles et bien présentes. Seules les deux du modèle en plein pied gardent les noms de fichiers plus que reconnaissables.
J’espère que ça répond à votre critique et que vous découvrirez l’article différemment. Ces deux boitiers sont très différents mais très bons dans leurs domaines et pour finir, j’en profite pour vous souhaitez de passer de bonnes fêtes !

Excellent article 🙂

Merci Fred, ce Sigma dp2 Quattro a ses défauts et ses qualités mais ne laisse pas indifférents. En tout cas les fichiers sont terriblement bons ! Le jour que Sigma arrivera à sortir un boitier avec un AF plus performant et surtout une batterie digne de ce nom, on aura un concurrent sérieux.

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